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Petits secrets, grands mensonges

Dernière mise à jour : 20 sept. 2018

  • Ce roman a été lu dans le cadre d'une lecture commune avec la blogueuse Jukebox, retrouvez sa critique à la fin de ma chronique et sur son blog Jukebox Corner.


  • Auteur : Liane Moriarty

  • Type d'ouvrage : Roman

  • Nombre de pages : 500 pages

  • Genre : Thriller

Lu en anglais / Format numérique


Résumé :


Les secrets finissent toujours par être dévoilés. Et toujours, quelqu'un doit payer... Jane, mère célibataire, vient d emménager à Sydney avec son petit garçon et un secret qui est le sien depuis cinq ans. Le jour de la rentrée scolaire, elle rencontre Madeline, un personnage haut en couleur avec lequel il faut compter (elle se souvient de tout et ne pardonne jamais) et Céleste, une femme à la beauté époustouflante mais qui, paradoxalement, est toujours mal à l' aise. Elles prennent toutes deux Jane sous leur aile, en faisant attention de dissimuler leurs propres secrets. Cependant, quand un simple incident impliquant les enfants de chacune des trois femmes survient à l'école, les choses s'enveniment : les commérages vont bon train, les rumeurs empoisonnées se propagent jusqu'au point où il est impossible de démêler le vrai du faux.

D'après ce que j'ai compris, tout cela tient à la bataille acharnée que se livrent les mères au foyer et celles qui font carrière. Comment ils appellent ça, déjà ? Mummy Wars. Mon épouse est restée en dehors de ça. Elle n'a pas de temps à perdre.
 

Mon avis :

Je me suis un peu lancée à l'aveugle sur ce roman, je n'avais que vaguement entendu parler de l'adaptation série (Big Little Lies) et ne savais pas vraiment à quoi m'attendre.

J'y ai d'abord trouvé un côté très Desperate Housewives, même si cela s'avère plus sombre et plus réaliste sur bien des points. On retrouve ce genre de petite communauté propre sur elle, très centrée sur les apparences où chacun tente de paraître parfait selon des critères tout à fait irréalistes, gardant bien au chaud ses secrets. Et où on juge en permanence la moindre chose qui puisse apparaître comme un écart ou une faute de goût. Bref, une ville où il fait bon vivre en apparence, mais qui est en vérité carrément aliénante. Un endroit à devenir dingue jusqu'à assassiner quelqu'un. Oh ! Mais dites donc, ne serait-ce pas ce qui est arrivé ?

J'ai beaucoup apprécié le fait qu'outre ne pas connaître le meurtrier, on ne sache pas non plus qui est la victime. Cela rajoute un suspens supplémentaire, on cherche les indices au fil des pages, on tombe sur des fausses pistes... C'est comme si deux enquêtes se mêlaient l'une à l'autre, et à la fois comme si la question de qui il s'agit avait moins d'importance que pourquoi c'est arrivé.

J'étais scotchée au moment de la révélation, le suspens comme l'émotion était à son comble, j'en avais le cœur qui battait à tout rompre ! Il paraît que la scène est encore plus impressionnante dans la série, j'ai hâte de voir ça.

Et je ne me suis pas ennuyée une seconde lors du déroulement du pourquoi. On suit d'une part trois héroïnes au cœur des événements, de l'autre des personnages mêlés de près ou de loin à l'histoire, interviewés par une journaliste.

J'ai à la fois ri et grincé des dents en lisant ces interviews. On a l'impression que les personnages se fichent comme d'une guigne du meurtre, ils ne pensent qu'à déballer leurs commérages et autres mesquineries. Toute cette frivolité contraste bien avec la partie du récit concernant Jane, Céleste et Madeline.

J'avais peur au début que les protagonistes soient caricaturales, car elles sont introduites de manière assez simpliste : chacune mal dans sa peau pour une raison, et qui envie les deux autres pour une autre raison. Mais elles prennent vite de la profondeur au fur et à mesure que l'on découvre leurs secrets, leurs pensées se complexifient d'une très belle manière qui les rend toutes touchantes et attachantes. Certains personnages secondaires sont assez travaillés pour être attachants également, d'autres sont détestables, et d'autres encore paraissent odieux au premier abord, mais on comprend leur point de vue (Renata, j'ai envie de te détester, mais j'aurais fait pareil à ta place).

C'est un roman très féminisme, et pas seulement par le fait que ses personnages principaux soient en majorité des femmes. Il aborde avec beaucoup de justesse des thèmes actuels, comme la violence conjugale qui n'est jamais aussi simple qu'on le croit, la monoparentalité, les familles recomposées, le harcèlement à l'école, le rapport au corps féminin dans la société...

Parfois, j'ai eu l'impression que certains personnages masculins étaient davantage des accessoires dans la petite vie bien rangée de leur femme, qu'ils avaient rarement l'occasion de s'affirmer, comme Ed, le mari de Madeline, cette dernière décidant sans cesse pour lui ce qu'il est censé aimer ou penser, et on remarque assez vite comme ça finit par l'agacer malgré son bon tempérament. Dans tous les cas, le caractère et les aspirations de ces personnages ne sont pas mis de côté, on a un large panel de personnalités allant du meilleur au pire. Féministe, mais pas misandre, tout de même ! (beaucoup de gens semble confondre...)

Un roman duquel je n'attendais rien, parce que je ne savais pas à quoi m'attendre, mais qui m'a énervée, fait rire, pleurer, trembler... Une très bonne lecture !


 

En bref :







L'avis de Jukebox :


" Malgré ma connaissances des faits et du contexte, je n’ai pas été déçue de ma lecture, car l’autrice l’a rendue captivante en développant la psychologie de ses personnages au travers de pensées cohérentes et de plus en plus révélatrices. Il y avait comme un air de Desperate Housewifes dans cette communauté relativement aisée de bord de mer en Australie, où tout le monde se connait et se côtoie. Dans les apparences tous semblent vivre une vie heureuse et idyllique de parents travaillant ou pas, élevant leurs enfants ou pas, mais plus on progresse dans le récit, plus on gratte le vernis en surface pour mettre à jour petits et grands secrets, plus les fêlures apparaissent et s’élargissent, jusqu’à devenir une porte ouverte sur un profond malaise latent.

La grande particularité de ce roman est de donner la part belle aux femmes en en faisant les premiers rôles et des facteurs déterminants de l’histoire, quand les maris, pour une très grande majorité, brillent par leur absence et leur effacement. Il y a une volonté de faire de cette communauté un domaine matriarcal où les femmes dominent, décident, influent et ont le dernier mot sur tout. Du moins, elles veulent le laisser penser. Il en résulte un quotidien sous pression. Les femmes qui se disent amies, passent leur temps à s’observer et se juger les unes les autres, comparant leurs situations entre elles, ayant établi un modèle standard et exigent de ce que doit être une épouse et mère parfaite.

Car c’est bien là le coeur du roman: le rôle des femmes et leurs envies. Doivent-elle être des femmes au foyer pour élever leurs enfants ? Peuvent-elles travailler tout en les élevant correctement ? Peuvent-elles aussi mener une carrière quand le mari mène déjà la sienne ? Plus encore, peuvent-elles faire carrière et prendre la place des hommes dans la longue tradition d’appui financier du foyer ? Toutes ces femmes tentent de concilier leurs envies incompatibles de tout faire à temps plein et, tandis qu’elles doivent faire des concessions et des sacrifices, angoissent de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir fait les bons choix et d’être mal jugées, tout en étant envieuses et jalouses des autres qui ont perduré avec succès dans ce qu’elles ont du abandonner.

C’est dans ce climat très paradoxale et hautement électrique de femmes qui s’admirent et se méprisent à la fois, que survient un drame lors de la soirée caritative organisée par l’école locale: un parent est mort. D’entrée, aucun doute, c’est un meurtre. Mais qui est la victime ? Qui est le coupable ? Quel est le motif ? En remontant le temps quelques mois avant l’événement, l’autrice nous révèle la série d’incidents plutôt anodins qui ont pris une ampleur effrayante jusqu’à probablement aboutir à ce résultat.

Et tandis qu’elle nous livre le fil des choses par le biais des actions et pensées au présent de trois femmes amenées à devenir très liées par le cours des événements, en parallèle elle nous donne aussi à voir les réactions du reste de la communauté par l’intermédiaire d’extraits d’interviews post-meurtre où chacun y va de ses commentaires, jugements, commérages, mesquineries et interprétations diverses. Cette confrontation savoureuse des points de vue permet d’instaurer rapidement un suspense très bien géré, tout en semant des indices pour résoudre ce Cluedo grandeur nature où les protagonistes ont finalement tous de bonnes raisons de se débarrasser de quelqu’un. J’ai particulièrement apprécié l’aspect « bitchy » du livre (frapper avant d’être frappé), de pouvoir voir comment chaque chose est déformée pour alimenter des tensions et des différents qui accentuent le fossé entre les clans de la communauté (Harper, respect), jusqu’à l’explosion de cette cocotte minute géante lors d’une soirée mémorable.

Si j’ai souri et même ri sur certains passages, mon coeur s’est aussi serré quelques fois, car les portraits de femmes développés peuvent paraître un peu clichés et superficiels au premier abord, mais ils sont rapidement creusés et développés au point de devenir intéressants et attachants, permettant d’aborder des thèmes graves et/ou sérieux tels que l’image des femmes, le viol, les violences domestiques, la famille recomposée, les différences sociales, l’éducation, la conscience sociale…

Au final, le fait d’avoir déjà vu la série n’a pas été un handicap. Au contraire, puisque j’ai pu coller sur les descriptions les lieux et les visages de la série que je trouve à présent fort bien choisis. Le livre apporte un approfondissement psychologique utile qui éclaire certains événements d’un jour nouveau et donne au livre une vocation clairement plus féministe. Ceci dit, je préfère la série sur un point crucial, le final, qui y est nettement plus impactant et ouvert dans ma mémoire. Je prévois d’ailleurs d’en refaire un visionnage sous peu pour confirmer cette impression. "





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